C’est quoi une stratégie de survie ?
Notre cerveau comporte (entre autres) une partie primitive, parfois dite cerveau reptilien chargée de la survie : fuir, combattre, se figer… Dans une situation perçue comme dangereuse (physique, émotionnelle, traumatique), ce mode survie peut se réactiver. Ce qui, à l’époque a pu sauver la vie, peut devenir un réflexe, même quand le danger n’est plus réel. Ce qui fait notamment partie du tableau clinique des personnes ayant un SSPT (syndrome de stress post-traumatique). Ainsi ces réponses archaïques peuvent devenir des stratégies de survie psychique, adaptatives au départ, mais problématiques à long terme.
Les 5 stratégies de survie “automatiques” : Quelle est ma stratégie de survie dominante ?
On parle classiquement de quatre réponses instinctives — parfois appelées “fight, flight, freeze, fawn (et flop/figement)”. (ptsduk.org) J’aime à ajouter une stratégie oubliée des théories : « l’appel aux pairs ».
Dans le règne animal, nous pouvons rencontrer ces différents types de défense.
A savoir : elles arrivent dans un ordre précis. C’est à dire que le cerveau enclenche une stratégie si la précédente a échoué, comme un programme informatique.
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Stratégie 1 : l’appel aux pairs.
Si le cerveau sait que l’aide peut venir de l’environnement, il va les appeler : le 112, crier au secours… Dans le règne animal, on peut observer cette stratégie. C’est le cas notamment dess suricates dont le groupe choisi à tour de role un « lanceur d’alerte ». Si un oiseau de proie s’approche du groupe, l’animal lance l’alarme.
réaction d’attaque, colère, rage, défense agressive ou réaction intense.
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Stratégie 2 : la Fuite (Flight).
Si l’appel aux pairs a échoué (absence de personnes, isolement), le cerveau enclenche la fuite. Ainsi, la personne va s’éloigner, fuir, éviter, s’échapper, bouger, changer de lieu. C’est le cas de la souris qui s’échappe des griffes du chat, si cela est possible. Ou encore de la gazelle du lion, de l’homme et du feu. (remarque, les stratégies peuvent être activées ensemble : lancer l’alerte ET courir)
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Stratégie 3 : le Combat (Fight).
Si la fuite est impossible, le cerveau enclenche La troisième réaction. L’attaque sera activée, qu’elle soit défensive ou agressive et même si c’est David contre Goliath. A ce sujet, la fin du clip « Isolated system » de Muse montre ce moment où l’on passe de la fuite à l’attaque. (TW : ce clip peut provoquer de l’angoisse, prenez soin de vous)
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Stratégie 4 : La soumission (Fawn).
Il s’agit pour le cerveau de se plier, de céder, se rendre inoffensif pour diminuer le danger, faire tout pour éviter l’agression. Très fréquent dans des dynamiques de violence, abus, maltraitance, notamment enfance. Ce n’est pas du consentement. Et c’est là que des sentiments de honte ou de culpabilité naissent chez les victimes qui croient, à tort, avoir consenti. (cptsdfoundation.org)
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Stratégie 5 : Le figement (Fige).
Il s’agit d’une incapacité à bouger, une dissociation, un engourdissement, un retrait intérieur, un “shut down”. C’est la stratégie ultime pour le cerveau. Par exemple, dans le règne animal, « faire le mort » est visible, car le corps physique fait littéralement le mort. Cependant, chez l’être humain, cela est moins évident, car tout en lui se fige, sauf le corps, qui rentre alors dans un mode « automatique » (ResearchGate). Parfois apparaît aussi l’idée de “flop” ou “effondrement”. C’est un état de sidération, de dissociation, voire d’engourdissement mental et corporel lorsque tout système de défense a “explosé”. (ptsduk.org)
Ce que montrent les études / la science
- Dans une étude ayant soumis des personnes à un stress biologique (inhalation de CO₂), environ 13% ont rapporté une “immobilité significative” (freeze) Et environ 20 % un désir important de fuir, ce qui montre que le “freeze” n’est pas rare. (ResearchGate)
- Selon l’World Health Organization (OMS), environ 3,9 % de la population mondiale a vécu un trouble de stress post-traumatique (Post-traumatic stress disorder PTSD) à un moment de sa vie. (Organisation mondiale de la santé)
→ Cela signifie que de nombreuses personnes ont été exposées à un trauma, certaines de ces réponses de survie se manifestent (fige, fuite, etc.), et pour une part non négligeable la blessure psychique persiste.
Pourquoi une stratégie de survie “utile” peut devenir un frein ?
- Ce qui protège dans l’immédiat (fuite, freeze, fawn…) peut, si répété ou resté “la seule option”, transformer la personne en mode “survie permanente”. Par conséquent, elle vivra anxiété, isolement, dissociation, difficultés relationnelles, évitement, hypervigilance, sentiment d’insécurité. Ainsi, une personne qui est sortie d’un choc en « attaquant » peut, à chaque difficulté de la vie, réactiver le mode défensif/attaquant. De même pour la fuite, l’appel à l’aide, ou le figement.
- Une personne peut FUIR les challenges, les contacts humains ou encore, se figer dès qu’une intimité s’installe ou lors d’une prise de décision.
Comment se dégager de la survie automatique ?
(via la perspective de la Théorie polyvagale + travail thérapeutique)
La théorie polyvagale met en avant le rôle du système nerveux autonome dans la gestion du stress. Et en particulier celui du nerf vague dans la régulation des émotions, du stress, de la sécurité. (Wikipédia). C’est ce qui est travaillé en cabinet.
- Réactiver le “vagal ventral” = retrouver des états de sécurité, de connexion, de régulation corporelle et émotionnelle.
- Par des pratiques corporelles, ancrage, respiration, conscience, soutien social, thérapie. Cela permet de ré-apprendre au corps que l’on n’est plus en danger. La personne apprend que l’on peut poser des limites, sentir, ressentir, décider.
- En thérapie, repérer les stratégies automatiques héritées du trauma, les nommer, les contextualiser, en comprendre l’origine est essentiel. Le personne pourra peu à peu construire des réponses “adaptées au présent”, pas seulement héritées du passé.
Concrètement ?
- Ces réponses ne sont ni “pathologiques” ni “faiblesse” mais ont une fonction de survie, de protection. La personne doit prendre conscience que le cerveau reptilien n’est pas volontaire. ON NE CHOISIT PAS SA STRATETGIE DE SURVIE. C’est notre cerveau, avec toutes les expériences humaines acquises depuis la nuit des temps, qui conserve ce savoir.
- Inviter à revisiter l’histoire, reconnaître les stratégies, accepter ce qu’elles ont fait, mais aussi les dépasser quand elles ne servent plus. Cela se fait en général grâce à un suivi psychologique, et en particulier auprès de personnes formées aux psychotraumas.
- Encourager le retour au ressenti corporel, la réhabilitation du lien au corps, à la sécurité intérieure, comme base pour reconstruire.
- Bénéficier d’un accompagnement avec des outils adaptés (respiration, régulation, conscience, thérapies type travail sur trauma/polyvagale) pour aider à sortir du mode survie. Attention : les outils seront en rapport avec l’état nerveux de la personne, et sa stratégie de survie dominante. Par conséquent, une solution peut convenir à l’un et non à l’autre.
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Prends soin de ta santé mentale.
Emilie G.


